mardi 19 novembre 2013

Un soir pas comme les autres.

Il fait nuit,
Et je trouve refuge dans la chapelle,
où l’ombre chaude des bougies réchauffent mes mains glacées.
Je prends appui sur ce banc de bois,
Qui me rappelle que des centaines d’âmes sont venues louer le ciel avant moi
Dans cette chapelle, avant la guerre aussi.
Silence.
Je fais partie de ces âmes perdues qui ont peur.
Pourquoi suis-je venue au Liban ? Pourquoi je me sens si fragile ? Je ne pensais pas devoir lutter contre la solitude et les incertitudes.
Je suis cette aiguille dans une botte de foin que personne ne trouve.
Je baisse la tête et envoie mes prières aux êtres qui m’habitent, ici dans la pénombre et  le silence.

Se dresse devant moi un portait de Saint-Charbel, recouvrant la hauteur du mur de l’autel. Je regarde et dévisage cet homme qui baisse les yeux avec sérénité. Il est calme et confiant, pareil à l’allure d’un cèdre millénaire, sur le pan d’une montagne libanaise. Il n’a pas peur. Il est là devant moi, comme une évidence.
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19 heures, presque. La chapelle s’allume. Un père vient de me rejoindre. Je n’avais pas osé mettre la lumière juste pour moi. Il doit être surpris de me trouver ici.
Il me propose de célébrer une messe.  J’accepte. J’ai raté la prière qui a lieu tous les soirs à 18 heures, je ne pensais croiser personne ici.
Il va chercher des textes en français et choisit le psaume du 31 octobre. Il me dit que cette messe est dédiée à mes proches et à moi-même. Il veut que je la dise avec lui.

Je pense à vous, à toutes ces petites têtes qui occupent mes pensées, je pense à vous ma famille de sang et celle de cœur, celle qui m’a choisi et celle qui m’a accueilli.
Non, je ne suis pas seule. Je suis cette aiguille dans une botte de foin et quelqu’un m’a trouvé.

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Ce matin, je trouve deux cartes postales pour moi, des messages de ceux qui ont grandi avec moi: mon frère et mon amie d'enfance.
Non, je ne suis pas seule.
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Un des profs me dit qu'un des pères voudrait me voir dans son bureau. J'y cours ignorant de quoi il peut s'agir. Il n'est pas dans son bureau. Je me dirige alors dans le bureau du Père supérieur. Ils s'inquiètent pour moi. Je m'effondre en larmes devant expliquer ce que j'essayais vainement de leur cacher. Des examens de santé coûteux, dépassant le solde de mon indemnité mensuelle, et l'attente des résultats.
Non, je ne suis pas seule.
Ils me disent que je fais partie de leur communauté, qu'ils sont là pour moi, qu'il faut que je leur parle et que tout ira bien.
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Quelqu'un m'a trouvé.




2 commentaires:

  1. Hello carole,
    Tu n'es et ne seras jamais seule. Nous sommes tous à tes cotes. Nous pensons tous à toi.

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